Le devoir de l'écrivain est de se bien pénétrer du désespoir dont son époque est faite. Il ne suffit pas de constater la monstrueuse inutilité des forfaits qui se commettent dans le monde. Il faut, si difficile que ce soit, percevoir l'accompagnement du drame, plus sombre peut-être que le drame lui-même : la torpeur, l'avilissement des consciences, le désintérêt absolu devant l'immense tableau d'épouvante qui ne trouble même plus les sommeils. Il faut arriver à concevoir la puissance d'oubli plus inhumaine, plus incompréhensible encore que la puissance du crime, et cela afin de mieux connaître l'horreur des monstres que contient l'homme.
Arthur Adamov, Ici et maintenant
Arthur Adamov, Ici et maintenant
[...] Les spectres reviennent. Ils sont toujours revenus. Ignorance, misère, intolérance, racisme, aliénation. Tous, ils sont là. Ils guettent. Ils attendent. Ils attendent dans l'ombre de nos mémoires que le temps soit immobile, que vienne l'heure la plus sombre. L'immobilité nous pousse au précipice. Déjà, nous touchons le fond de l'absolue détresse. Avec la nuit se lèvent la misère et les fantômes réels. Michel Mélin Prologue, extrait SPECTRES
de Michel Mélin d'après l'œuvre d'Arthur Adamov Mise en scène de l'auteur Création en 1979 par l'Atelier Théâtral du Nord-Est (direction artistique Frédérique Forgeard), puis reprise en 1981 par le Théâtre d'Ern |
Frédérique Forgeard dans le rôle rôle de Cinquième
|
Les personnages, par ordre d'entrée en scène :
Marsy-Évrard, élégant, distingué, amateur d'art, Camille Falaise, acteur en devenir, Le patron de bistrot, L'étudiant, L'homme en manteau de cuir noir, Le Mannequin-homme, le Mannequin-femme, Ridicule, L'Accusateur, Il (Arthur Adamov), Les Témoins, M le Modéré, notable assis, Uve Borges de Ponteville, banquier, royaliste nostalgique, Adolphe Thiers, Cinquième, pute de luxe à l'image de la mort, Monsieur-le-député, fondateur du parti d'extrême-centre, Monseigneur, haut dignitaire du Très-Haut, Camarade-misère.